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Éducation

Pourquoi raconter des contes ?

Raconter des contes aux enfants est une tradition séculaire. Cependant, il n’est pas rare de nos jours de rencontrer des gens qui disent qu’on ne leur a jamais raconté de contes quand ils étaient petits. Très fréquent de rencontrer des gens qui pensent que les contes sont des fantaisies puériles qui n’ont d’autre intérêt que de distraire les enfants.

Conte des 3 petits cochons
Conte des 3 petits cochons

Dans la version originale du conte, Les trois petits cochons (1), les deux premiers petits cochons, celui qui a fait sa maison en paille et celui qui l’a fait en branchages, sont mangés par le loup. Lorsque je l’ai racontée à l’un de mes petits-fils, qui avait quatre ou cinq ans, il a aussitôt conclu avec conviction : « Moi, je ferai ma maison en briques. »

Lorsque son père, mon fils, avait 9 ou 10 ans, au retour d’une visite chez un copain où il avait l’habitude d’aller regarder la télé le mercredi après-midi, il m’a dit : « Je crois qu’il ne faut plus que j’aille chez lui parce que, après, je pense que tu es une sorcière. »
Faut-il raconter des contes aux enfants ?

Le langage symbolique, clé d’un royaume imaginaire

Dans notre article, Les bienfaits du langage symbolique (2), nous expliquons les vertus de ce langage, basé sur la pensée symbolique, qui fonctionne par images. Rappelons qu’un symbole est toujours constitué de deux éléments, l’un concret, l’autre abstrait et constitue un pont entre le monde visible et le monde invisible. Ainsi, un drapeau est un symbole : l’expression  imagée et concrète d’une réalité non visible et extrêmement puissante, un sentiment qui rassemble tous ceux qui appartiennent au même pays, qui ont la même patrie, ou appartiennent à un même groupe.

chacun verra dans sa tête un chien différent : pour l’un ce sera un petit chien, pour un autre un gros chien, pour l’un il sera gentil, pour un autre méchant, etc
Chacun verra dans sa tête un chien différent.

Les mots eux-mêmes sont des symboles. Par exemple, le mot « chien » est composé d’une partie concrète – les sons qu’on entend quand on parle ou les lettres qu’on voit quand il est écrit – et d’une partie abstraite, l’image du chien que fabrique notre imagination et qu’on voit dans sa tête quand on entend le mot.
Mais ce qu’il y a d’extraordinaire dans le symbole, c’est que, à partir du même élément concret (par exemple, les 3 sons du mot chien ou ses 4 lettres), nous allons tous comprendre. Cependant chacun verra dans sa tête un chien différent : pour l’un ce sera un petit chien, pour un autre un gros chien, pour l’un il sera gentil, pour un autre méchant, etc. Chacun s’approprie le mot et le vit à sa façon. Autrement dit, un symbole est comme une clé qui ouvre la porte d’un royaume imaginaire où chacun va voyager à sa guise.

La clé est la même pour tous mais elle ne fait pas appel en chacun à la même chose. Le symbole ouvre des perspectives que chacun va prendre à son niveau et à sa manière. Ce qui explique que l’on puisse avoir des visions différentes. (D’où l’importance d’écouter l’autre et de comprendre ce que chacun met derrière les mots.)

Le symbole n’emprisonne pas. Il est très différent d’éduquer à partir du symbole qui ouvre des portes et d’éduquer à partir de la moralisation, qui interdit et enferme.

Imaginaire et Imagination

Le symbole est en relation avec le monde imaginaire. L’imaginaire est un monde d’images qui nous habite, un monde mental très riche que tous les êtres humains possèdent. Une partie est commune à tous. Une partie est propre à chacun qui le construit au cours de sa vie et particulièrement quand on est petit.
Il est très important parce qu’il contient la vision que nous avons de nous-mêmes et du monde.

L’imagination est la capacité de fabriquer et de voir des images dans sa tête
L’imagination est la capacité de fabriquer et de voir des images dans sa tête

L’imagination est la capacité de fabriquer et de voir des images dans sa tête. C’est une fonction fondamentale dans le développement. Moins on a d’imagination, moins on est inventif. Elle permet de visualiser des solutions,  de voir les finalités.
C’est ainsi que dans le choix d’un métier, grâce à l’imagination, on se voit l’exercer et cela insuffle l’énergie pour faire ce qu’il faut pour y arriver.
Par contre, l’imagination peut aussi nous emmener sur des chemins sans issue : on peut passer du temps à rêvasser sans que cela apporte autre chose que perdre son temps et fuir sa vie. Mais c’est elle aussi qui nous fait rêver d’un monde meilleur, et nous fait rêver d’être nous-mêmes meilleurs. L’imagination donne la capacité de voir les choses autrement, donc de pouvoir les changer.

Nous vivons dans le monde que nous avons dans notre tête. Si je vois le monde et la vie comme quelque chose de difficile ou d’hostile, je le vivrai comme cela. Je ne verrai pas de possibilité de faire autrement. Si je le vois de façon positive, ma vie sera plus constructive et positive.
À travers l’imaginaire, on se construit et on peut ensuite agir.

Aider l’enfant à meubler son imaginaire à travers les contes

Tous ls contes comptent un héros, un roi, un magicien, des épreuves, etc. Il y a toujours un personnage, le héros, garçon ou fille, auquel l’enfant va pouvoir s’identifier.
Tous ls contes comptent un héros, un roi, un magicien, des épreuves, etc. Il y a toujours un personnage, le héros, garçon ou fille, auquel l’enfant va pouvoir s’identifier.

On peut beaucoup aider les enfants à se construire à travers le récit et la lecture des contes. Tous comptent un héros, un roi, un magicien, des épreuves, etc. Il y a toujours un personnage, le héros, garçon ou fille, auquel l’enfant va pouvoir s’identifier

Dans tout conte, une difficulté amène le héros à quitter son milieu. En chemin, il devra traverser des épreuves. Et quand il aura réussi, il reviendra chez luin mais avec un statut différent. Il sera roi ou reine, grâce à ce qu’il aura appris. Dans un conte véritable, le héros à la fin est toujours différent de ce qu’il était au début. Il a grandi : le conte est initiatique car il aide à passer à un niveau supérieur.

Les personnages horribles ou les monstres, dans les contes, permettent aux enfants de mettre des images sur leurs peurs. On ne peut dépasser que ce que l’on peut nommer. Cela donne de la distance.
Il convient de ne pas expliquer aux enfants les symboles que sont les éléments du conte, personnages, événements, rencontres, etc. Pour que le conte leur soit profitable et joue son rôle éducatif et curatif, chacun doit le vivre lui-même intérieurement.
Il est également recommandé, lorsqu’on s’aide d’un livre, d’éviter le plus souvent les livres illustrés. En effet, il est essentiel que l’enfant prenne l’habitude de construire et d’accueillir ses propres images, sous peine d’être prisonnier de celles d’autrui. Lorsqu’il a l’habitude de voir ses propres images, alors celles des autres peuvent être un enrichissement et pas un conditionnement.

Monde imaginaire et monde concret

Le Père Noël existe-t-il  en vrai  ?

Cette question pose problème à beaucoup de parents lorsque leurs enfants la leur posent. Si on dit oui, l’enfant peut ensuite penser qu’on lui a raconté des mensonges et il rejettera le monde imaginaire dont il se privera. De plus, il risque de ne plus faire confiance aux adultes. Si on lui dit non, il risque de se passer la même chose.
Quelle réponse donner ? Le Père Noêl existe dans le monde des histoires. Le monde des histoires existe : il existe dans nos têtes. Mais ce n’est pas le même monde que celui de tous les jours et il ne fonctionne pas de la même façon : on peut y voler, on peut y avoir une épée magique, être invisible, etc.
Il importe d’aider les enfants à comprendre la différence entre la réalité (concrète et quotidienne) et la fiction. J’ai connu des enfants qui refusaient de lire des romans parce qu’ils ne faisaient pas cette différence et que cela était trop perturbant pour eux. Ils croyaient que tout ce qui était fiction était mensonge. C’est une erreur. Les histoires appartiennent au monde imaginaire ou symbolique et c’est un monde qui a sa réalité bien que différent de celui de tous les jours. Il est vrai aussi mais d’une autre façon. Car il n’y a pas qu’un seul monde.

(1) Dans de nombreuses versions modernes, aménagées pour ne pas « brutaliser » les enfants, les deux premiers petits cochons se réfugient chez leur frère, celui qui a construit sa maison en briques, et ne sont pas mangés par le loup
(2) Paru dans notre revue n°285 de mai 2017
Par Marie-Françoise TOURET

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