Arts

Pratiquer la sagesse en musique

L’été est une saison optimale pour découvrir ou redécouvrir les bienfaits de la musique. La musique de la nature, le chant des oiseaux déjà nous font voyager.

La musique, le chant, ont un impact réel sur l’âme humaine, et peuvent être un formidable outil d’éveil et de régénération lorsque l’on sait s’en servir. Platon en faisait l’un des deux piliers de l’éducation, parce que par l’harmonie qui en est le caractère, « les mouvements désordonnés du corps – et de l’âme – s’ordonnent spontanément (1) ». La musique relève le pari de transformer les mouvements de notre âme pour les rendre harmonieux. Elle peut sublimer nos émotions, fluctuantes, en sentiments plus élevés. Elle est en cela une pratique de la sagesse.

Faire de la musique une pratique

Chaque musique a sa singularité et un impact différent sur l’âme. La première étape est de définir, à la manière du sculpteur, quel outil sera approprié en fonction du besoin. Il est des musiques dont le mouvement bien marqué nous aide à nous mettre en ordre, d’autres qui nous font voyager vers le centre de nous-mêmes, d’autres encore qui nous aident à passer à l’action. Voici pour cet été, une première sélection de musiques pour l’âme. La sélection, non exhaustive, est essentiellement classique, car parmi tous les genres musicaux, la musique classique incarne dans la plupart de ses œuvres le mouvement vertical qui nous ramène à l’essentiel. Pour autant, on trouve dans de nombreux autres genres musicaux des mouvements dont l’effet est similaire.

Différents effets de la musique sur l’âme

La musique baroque pour se mettre en ordre et en rythme

Derrière les ornements propres au baroque, c’est l’ordre qui s’incarne. Une structure, un cadre clair, dont le plus haut représentant est la fugue, avec son thème qui se développe et se transforme sans jamais se perdre, et ses parties qui se superposent harmonieusement. Si nos journées ressemblaient à une fugue, nous serions des maîtres de l’ordre et du rythme.

À explorer : Le répertoire de Bach, Händel, Rameau, Vivaldi, Lully, Couperin, Purcell, Pergolèse, Albinoni.

La musique orchestrale pour avancer au rythme de ses convictions
Grandeur et puissance sont les attributs de la musique orchestrale qui se développe au XIXe siècle. Elles mettent en mouvement notre aspiration à la grandeur et éveillent en général des sentiments combatifs, de la fierté et de la confiance.

À explorer :
Premiers mouvements ou final des grandes symphonies : Beethoven, Mozart, Brahms, Mahler, Tchaïkovski, Berlioz.

La musique pour la connexion à soi-même et la vie intérieure
La musique aide à passer à l’action, mais elle aide aussi à se connecter à soi. Beaucoup d’œuvres classiques sont vecteurs d’intériorité. La musique de chambre, la musique pour instrument seul, le chant, les mouvements lents des concertos et symphonies en sont les principaux représentants. Source d’apaisement, de sobriété et d’humilité elles permettent de se recentrer.

À explorer : le répertoire romantique pour piano – Chopin, Debussy, Ravel, Schubert.
La musique vocale : les lieder de Schubert, Schumann, Mahler, Strauss.

La musique sacrée pour se connecter à l’essentiel
Il y a des musiques qui se passent de mots, qui mènent à l’essentiel et au silence, où le compositeur se laisse traverser par quelque chose qui le dépasse et s’en fait le canal. C’est le cas du répertoire sacré, quelle qu’en soit l’origine. Quelques exemples issus du répertoire occidental.

À explorer : Le répertoire religieux dans différentes cultures.
Pour la musique occidentale : Le répertoire sacré (Cantates, Motets, Oratorios, Passions, Requiem, Stabat Mater) chez Bach, Pergolèse, Vivaldi, Mozart, Fauré…

C’est à vous !

Pour pratiquer, il vous faut une bonne enceinte ou un bon casque, pour un son de bonne qualité. Il est déconseillé de faire l’exercice à partir du son de l’ordinateur ou du téléphone seul.
Une fois prêt, asseyez-vous en prêtant attention à votre posture. Les pieds bien ancrés dans le sol, le dos droit, les épaules basses, en veillant à être à la fois détendu et à garder la juste tension qui permet l’attention. Lancez la musique et fermez les yeux. Concentrez-vous sur les sons, le mouvement des notes qui s’enchaînent, le timbre des instruments. Petit à petit, prenez du recul sur les détails pour gagner une vision d’ensemble, et contemplez ce que vous entendez comme si vous contempliez un paysage du haut d’une montagne. A la fin du morceau, prenez quelques secondes pour écouter le silence avant d’ouvrir les yeux.

(1) PLATON, Les Lois, VII, 790c-791a
par Margaux NOVELLI
Formatrice à Nouvelle Acropole Paris V
© Nouvelle Acropole

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