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Spiritualité

Vivre notre spiritualité aujourd’hui

Nous devons vaincre les peurs qui nous paralysent pour initier le chemin de réconciliation avec la dimension intérieure et pouvoir vivre ainsi avec naturel la spiritualité.

 

 « La majorité des gens ne savent pas exactement quel est le sens de leur vie ou en d’autres termes, ils ne savent pas pourquoi ils vivent. » Sri Ram

Dépendre de l’extérieur ou découvrir notre profondeur

Notre éducation et le mode d’action de notre société nous ont habitués à nous tourner vers l’extérieur et à dépendre des autres pour agir.
Nous sommes rarement la cause de nos décisions et nous vivons très en surface. Si nous étions plus profonds, l’intériorité ne serait pas une complication.

Les difficultés sont à la mesure de notre quête de facilité. Plus on cherche la facilité, moins il est facile de faire face à l’adversité. Notre société nous a éduqués à la facilité, au confort, à l’immédiateté et l’adversité est vue comme quelque chose d’impensable dans notre monde actuel.
Or, la crise du COVID-19 nous met devant la difficulté, la mort, le confinement.

Il faut donc s’habituer, dans le calme, à aller plus au fond de nous-mêmes. Se trouver soi-même, c’est être moins manipulable, moins dépendant du système consumériste et matérialiste et moins polluer à tous les niveaux.

La vie intérieure se cultive

Nous sommes peu concentrés, peu attentifs, nous perdons beaucoup de temps. Nos difficultés sont en rapport avec notre propre négligence. La recherche de la facilité et la négligence nous empêchent de trouver d’autres modes d’action, d’autres formules …

La vie intérieure se vit dans nos consciences et elle « s’éduque » comme le disait Husserl.

Ne rien tenir pour acquis, et anticiper la perte possible de ce qui nous est cher.
Les stoïciens se préparaient aux revers possibles d’une vie imprévisible et souvent douloureuse, telle que nous l’a montrée l’expérience du COVID-19 et du confinement.
Il ne s’agit pas de noircir notre existence, mais de ne rien tenir pour définitif et de ne pas jouer les victimes.

Épictète partait du principe que « ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu’ils en ont ». Donc, nous ne devons pas en vouloir aux événements, mais plutôt travailler sur nos représentations, changer nos imaginaires par l’imagination, pour apprendre à faire des pas de côté, à regarder la même chose dans une autre perspective.
Trouver dans le malheur une occasion de progrès intérieur, changer ce qui peut l’être, s’accoutumer à la mort, cultiver la gratitude et l’émerveillement.
« Tu n’as été ébranlé par nul autre que par toi-même. Lutte contre toi-même, arrache-toi pour te tourner vers la décence, vers l’honneur, vers la liberté.[…] Commence par condamner tes actes, puis, après cette condamnation, ne désespère pas de toi. Apprends la méthode des professeurs de gymnastique. L’enfant est tombé : « Lève-toi, dit le professeur, reprends la lutte jusqu’à ce que tu sois devenu fort. » C’est ainsi que tu dois réagir, toi aussi. Sache en effet que rien n’est plus facile à conduire qu’une âme humaine. Il faut vouloir et c’est fait. Elle est redressée. Inversement, si elle se néglige, elle est perdue. C’est au dedans de nous que sont la perte et le salut. » (Épictète) (1)

L’esprit : l’élévation de la vie

L’esprit est ce qui conduit à l’élévation de la vie. Ce qui est esprit élève, ce qui n’est pas esprit alourdit. L’esprit nous permet d’aller plus haut que là où on est. (Toute chose spirituelle élève). L’esprit allège et la matière alourdit. Il faut gérer le rapport entre la lourdeur et la légèreté. Nous devons voir les choses avec recul et hauteur. Sans esprit, il n’y a pas de forme élevée ou inspiratrice.
La recherche de confort et la mécanicité nous enlèvent la dimension de l’esprit. Trop de facilité, trop de confort, ne sont pas la spiritualité. Se sentir bien n’est pas forcément être meilleur.
L’élévation de la vie nous permet de trouver le sens des choses. Si on quitte le sens des choses, on n’est plus philosophe car il n’y a plus de sagesse, plus de discernement. On revient à la mécanicité. On agit en réaction aux situations extérieures et on a du mal à se stimuler soi-même.

L’esprit est le contraire du repli sur soi. Il nous permet d’aborder des dimensions autres au lieu de nous replier sur nous-mêmes. Il nous permet de nous « déconfiner ». L’esprit donne de la créativité. L’esprit est un pouvoir de liberté.
Pratiquer la spiritualité implique un pouvoir de liberté face au monde : c’est ne pas faire parfois les choix que le monde attend de nous. La liberté philosophique permet de choisir d’être meilleur, de filtrer et d’éliminer ce qui entretient notre petitesse.L’esprit et le pouvoir de la liberté vont de pair parce qu’ils nous permettent de décider. Le vrai choix est liberté.

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Le mot esprit vient du latin, spiritus, le souffle qui donne la vie. Il ne s’agit pas de n’importe quelle vie ; le souffle donne vie à la respiration. L’anxiété étouffe. Quand nous sommes soulagés de nos contraintes, nous respirons. Nous ne pouvons pas vivre en apnée, nous ne pouvons pas vivre sans rythme. La respiration est un rythme : inspir et expir. Nous ne pouvons pas choisir entre l’un ou l’autre.

 

L’esprit est cette intelligence qui est en chacun et qui permet de comprendre le monde et de nous libérer de ce qui nous assujettit.
De quelle intelligence parle-t-on ? Pas du mental analytique qui ne supporte pas les contradictions. Lui, pense en bien/mal, blanc/noir, chaud/froid, car c’est rassurant. Ce mental veut toujours être du bon côté.
La vie n’est pas comme cela. Cette logique qui consiste à vouloir se rassurer en votant pour une colonne au détriment de l’autre n’est pas la vie. Cette vision coupe la vie en morceaux.

Dans le corps, les organes agissent ensemble et restent interconnectés. C’est une logique d’inclusion où les parties interagissent ensemble. Sinon, nous serions morts.
Intégrer les contradictions est indispensable car le réel est contradictoire et la vie bouge.
Si nous nous situons dans le mental universel qui peut comprendre l’interrelation entre la partie et le tout, nous pouvons accepter les contradictions. Accepter ne veut pas dire se résigner. Mais si nous n’acceptons pas, nous ne pouvons pas agir sur elles.
Les temps actuels nécessitent de l’adaptation et de l’agilité, en fonction des opportunités que la vie nous accorde. Vouloir tout contrôler nous fait quitter la vie. Il faut se détendre, respirer et continuer à vivre. La maîtrise est l’art de l’adaptation aux contraintes.

La capacité d’expliquer la réalité selon l’esprit surgit lorsque le mental synthétique est éclairé de l’intuition-sagesse. La vie spirituelle nous rend aptes à nous élever. Un être spirituel est capable de vivre l’adversité comme un challenge permettant de développer de nouveaux moyens. C’est ce qu’on appelle la Fortitude.

Faire retraite en soi-même est la source de la Fortitude.
« On se cherche des retraites, à la campagne, au bord de la mer, à la montagne ; toi aussi tu as l’habitude d’éprouver pour cela le désir le plus fort. Cela relève pourtant de la plus grande ignorance, puisqu’il est possible, à l’heure où on le veut, de se retirer en soi-même. Nulle part en effet l’homme ne trouve de retraite plus paisible et plus éloignée des soucis que dans sa propre âme, surtout s’il a en lui des choses qui donnent le bonheur dès qu’on se penche sur elles ; par bonheur, j’entends l’ordre harmonieux. Accorde-toi donc constamment cette retraite et renouvelle-toi. Aie des maximes brèves et élémentaires avec lesquelles il te suffira de reprendre contact pour aussitôt voir cesser toute inquiétude et revenir au monde sans t’irriter contre ce vers quoi tu retournes. » Marc-Aurèle (2)

Les trois clés de la vie spirituelle : silence, vide, immobilité

« Ce n’est que dans le silence et le repos intérieur que le Verbe et l’Esprit se font entendre dans le fond de l’âme, en son fond le plus intime et le plus pur ». Maître Eckhart
Pour que l’esprit se développe, il faut trois choses importantes qui sont les clefs de la vie spirituelle : silence, vide, immobilité.
Ces trois messagers de l’esprit apparaissent au premier abord comme redoutables pour ceux qui veulent s’initier à la vie spirituelle, mais en réalité, les apprivoiser nous fait découvrir les richesses de nos profondeurs.

            Le silence

Le silence intérieur est capital pour élever son esprit. Ce n’est pas la négation de la parole. La parole a ses limites. Il faut laisser des silences entre les mots et des silences entre les notes de musique, parce que sans silence, il n’y aurait pas de musique, pas de langage, il n’y aurait seulement que du bruit.
Le silence est lié à la notion de limites. L’ego personnel pense qu’il peut tout avoir et il ne veut surtout pas de limites. Mais sans autolimitation, nous allons à la catastrophe !

Le désir ardent et immodéré est la source de l’avidité dans nos sociétés matérialistes. Il est la principale cause de l’anxiété de nos concitoyens, produisant de la convoitise, de l’empressement nous amenant à accorder trop d’importance aux choses matérielles ou extérieures, à vouloir posséder et accumuler, des biens, des objets, entre autres ceux auxquels « monsieur tout le monde » accorde de la valeur.
La pratique du silence nous discipline en conscience pour comprendre où sont les frontières, les limites.

Comment puis-je me contrôler ? Pour me contrôler, j’ai besoin de me limiter. C’est-à-dire ne pas en faire qu’à ma tête. La pratique du silence est capitale. On se pose avec le silence. On prend du recul.
Parfois le silence s’impose ne serait-ce que pour écouter, se mettre à la place de l’autre. Cela implique la maîtrise de soi. Alors nous initions le travail  spirituel  et il faut pour cela une discipline de vie.

Comment transformer l’enseignement en comportement de vie ? Par une discipline de vie, c’est-à-dire en suivant des règles dans un ordre harmonieux. Sinon, nous serons dans le chaos et ne pourrons instaurer ni ordre, ni clarté, ni harmonie…
Pourquoi ne pas accepter les règles qui permettent de se former le caractère ? Adopter une discipline de vie fait de nous des disciples de la vie et des lois qui organisent l’univers.

           Le vide

Pour avancer, il faut se débarrasser de ses préjugés, de ses ignorances, de ses idées circulaires. Apprendre à faire le vide est très bon parce que le vide appelle le plein. Quand on se vide, on attire de nouvelles choses, on peut accueillir l’essentiel.
Quand l’univers est né, il était vide de matière, de substance, d’étoiles, de planètes. Il n’y avait que le potentiel de tout ce qui pouvait devenir.
Le vide est plein de potentialités. Nous devenons capables de discerner notre potentiel quand nous sommes vides et dans le silence. Les épreuves de la vie nous confrontent à de nouvelles situations.

Par exemple, le COVID-19 nous oblige à adopter de nouveaux comportements. C’est tout l’intérêt des épreuves qui nous poussent à chercher les graines de potentiel en nous. Dans le vide, nous trouvons les éléments qui nous permettent d’exprimer nos aptitudes.

          L’immobilité

L’immobilité est la source de tout mouvement. C’est l’expérience de la pesanteur, de l’enracinement et la libération des énergies retenues, qui permettent la prise de conscience du mouvement intérieur. Si nous n’acceptons pas l’immobilité, nous ne pourrons pas requalifier nos postures mentales, émotionnelles et corporelles.
Selon la relativité restreinte, tout système immobile ou au repos de masse « m » possède une énergie de masse « E » donnée par la relation d’Einstein E=mc2. Donc tout ce qui est immobile possède une énergie prête à se libérer.

La pratique de l’immobilité active le flux sanguin. L’énergie peut circuler de manière libre et puissante. Un calme extérieur s’installe, mû par un mouvement intérieur, permettant de vivre la mobilité dans l’immobilité.
Ainsi l’immobilité n’est pas seulement, comme le croyait Alexandre Dumas, « la mort ». Elle permet de se connecter aux flux illimités de l’univers.

Transmuter nos fragilités par la pratique

Les trois clefs, silence, vide, immobilité, nous conduisent vers l’origine des choses.
Pourquoi avons-nous peur du silence, du vide, de l’immobilité ?
Parce que cela nous ramène à ce que nous sommes vraiment, et nous obligerait à faire des choix de vie.
L’ego personnel est dans l’avoir, le paraître. Il ne veut pas changer.

Pour commencer, nous devons nous accepter, en reconnaissant ce qui est bon et moins bon en nous-mêmes. Et ensuite apprendre à utiliser nos qualités ou vertus, comme les nommaient les Anciens, pour transmuter nos fragilités.
Quand on comprend une vérité, cela nous responsabilise, cela signifie que l’on va pratiquer. Pratiquer veut dire accepter d’apprendre, de faire des erreurs, d’être humble. Nous apprenons ce que nous ne savons pas.
La relation maître à disciple aide à avancer, à provoquer des prises de conscience.
Mais la pratique reste individuelle. Nous sommes ce que nous pensons et nous devenons ce que nous pratiquons.

Concluons avec ces mots de Pierre Hadot : « Il y aurait de la place à nouveau, dans notre monde contemporain pour des philo-sophes, au sens étymologique du mot, c’est-à-dire des chercheurs de sagesse, qui, certes, ne renouvelleraient pas le discours philosophique, mais chercheraient, non pas le bonheur, mais une vie plus consciente, plus rationnelle, plus ouverte sur les autres et sur l’immensité du monde. »  (3)

(1) Épictète, Les Entretiens, IV, 9, 11-16, Éditions Vrin, 2015
(2) Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même, Éditions Garnier Flammarion, 2001, IV, 3, 1-3
(3) Auteur de La philosophie comme manière de vivre, Éditions Albin Michel, 2001, page 180
par Fernand SCHWARZ

À la recherche de nos vies intérieures
Une enquête de patrice Van Eersel
par Collectif
Éditions Le Relié, 2020, 218 pages, 14 €

Patrice Van Eersel a interrogé de nombreuses personnalités sur la vie intérieure : Christophe André, Stanislas Dehaene, Catherine Dolto, Annick de Souzenelle, Cheikh Bentounès, Arthur H, Cédric Vilani… Comment définir la vie intérieure ? En quelle(s) partie(s) de nous-mêmes cette dimension unique et intime se loge-t-elle ? Comment pouvons-nous la cultiver ? Les définitions sont variées : N’est-elle pas à la fois la source de nos pensées, de nos sentiments et de nos intuitions, mais aussi de toute création, de toute spiritualité et d’expériences mystiques ? Est-elle une partie immergée de notre esprit mais pas inaccessible où résident des éléments affectifs et des possibilités infinies de création ? N’est-elle pas l’axe qui fait que l’on existe ? N’est-ce pas le moment où le cerveau est plus absorbé par l’écoute de ses propres réflexions que par ce qui se passe aujourd’hui ? N’est-ce pas la singularité de tout être, quelque chose d’inconnu mais qui aurait la vertu de nous rendre plus nous-même que jamais ? N’est-ce pas le moyen de chercher quelque chose que dans cette vie que l’on ignore ? N’est-ce pas un dialogue intérieur qui se déroule entre soi et l’extérieur ?

Cairn, l’art de l’équilibre
Pratique méditative avec les pierres

par Travis RUSKUS
Éditions Flammarion, 2020, 212 pages, 16,90 €

L’auteur est expert en rock balancing, ancienne tradition qui consiste à créer de superbes édifices de pierres tenant en équilibre de façon naturelle, et apprendre à s’en détacher ensuite pour mieux lâcher prise. Techniques de respiration, de concentration, loi de l’attraction…

Méditer à cœur ouvert
par Frédéric LENOIR
Éditions Pocket, 2019, 128 pages, 6,95 €

Pratique millénaire utilisée en Orient par le bouddhistes et par les Grecs en Occident et aujourd’hui validée par la science, la méditation apprend à développer l’attention, à calmer le mental et à élargir nos perceptions sensorielles. L’auteur rajoute la notion de cœur afin de retrouver le goût de la bienveillance, du pardon et de la gratitude. CD avec méditations guidées.

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