Le réchauffement climatique va modifier la répartition des forêts françaises
Le réchauffement climatique modifie le fonctionnement de l’arbre et de la forêt. Certaines essences d’arbres migrent vers le nord et d’autres disparaissent. C’est ce que confirme le réseau AFORCE (Adaptation des Forêts au changement climatique) après dix ans d’études.
Tous les changements climatiques ont de nombreuses conséquences sur la forêt. Les conséquences attendues ne seront pas toutes négatives, du moins dans un premier temps. L’augmentation du taux de CO2 entraîne en effet une augmentation de la photosynthèse, ce qui signifie une hausse de la croissance pour nos arbres. La hausse des températures induit l’allongement de la durée de la saison de végétation et stimule l’activité des mycorhizes (1). Tout cela va dans le sens d’un gain de productivité. Prenons le hêtre. Le diamètre de 60 cm est actuellement atteint à 90 ans au lieu de 150 au siècle dernier.
Mais l’augmentation de la croissance des arbres forestiers ne pourra pas se poursuivre indéfiniment, notamment à cause du manque d’eau durant la période estivale. Il en résultera à terme une diminution de la production de la plupart des essences forestières, variable selon leur situation géographique et sensible tout d’abord dans la moitié sud de la France. Par exemple, on a constaté que la production du pin sylvestre en Provence chute depuis 1970 et va disparaître du pourtour méditerranéen. Le chêne vert, emblématique de la garrigue méditerranéenne pousse désormais sur le pourtour atlantique.
Et le hêtre, arbre de climat tempéré ne devrait plus pousser que dans le nord-est de la France.
Les arbres forestiers renferment une diversité génétique hors norme, qui serait environ trois fois supérieure à celle des êtres humains. Pour des espèces amenées à vivre aussi longtemps, ce trésor constitue la meilleure assurance pour s’adapter aux changements environnementaux.
Les scientifiques cherchent à comprendre comment et dans quelle mesure la diversité génétique permettra une adaptation à des évolutions aussi rapides. Le but est de fournir des réponses aux sylviculteurs en leur indiquant éventuellement quelles espèces et quelles provenances introduire, mais aussi quelles pratiques permettent à la fois de préserver et d’utiliser au mieux cette diversité. La tâche semble déjà ardue mais elle ne s’arrête pas là.
L’arbre ne vit pas isolé mais en étroite interaction avec d’autres organismes vivants comme les insectes ravageurs ou les champignons symbiotiques. Afin de déterminer l’évolution possible d’un écosystème forestier, il faudra déterminer pour chaque espèce quels gènes sont susceptibles de procurer un avantage adaptatif et estimer leur diversité dans les populations actuelles.
Une anecdote intéressante : L’utilisation du Lidar, la télédétection par laser aéroporté, a permis de cartographier avec précision les sols dissimulés sous la forêt. Cette mise à nu, réalisée près de Nancy par des chercheurs de l’INRA (Institut National de Recherche agronomique) et des archéologues, a dévoilé le plus bel ensemble de parcelles agricoles gallo-romaines connu à ce jour. Une technologie à même de renouveler profondément l’étude des sols et des couverts forestiers.
Comment ne pas nous adapter nous-mêmes dans cette période de grande transition quand la nature nous montre l’exemple de son intelligence, de son adaptabilité et de sa capacité d’interaction globale avec l’environnement.
(1) Résultat de l’association symbiotique (mycorhization) entre des champignons et les racines des plantes
Par Michèle MORIZE
Lire sur Internet :
https://www.reseau-aforce.fr/
https://www.sciencesetavenir.fr
https://www.nature.com/articles/nature11688
http://www.inra.fr/Grand-public/Rechauffement-climatique/Tous-les-dossiers/Forets-et-rechauffement-climatique
http://www.crpf-midi-pyrenees.com/datas/pdf/dep_reb_resx_1_rapport.pdf
http://agriculture.gouv.fr/la-foret-un-allie-durable-contre-le-changement-climatique.0
http://agriculture.gouv.fr/arbres-et-rechauffement-climatique
http://www.fao.org/forestry/climatechange/53459/en/
https://www.foretpriveefrancaise.com/publications/voir/65/n:541
http://www.foreccast.eu/fr/le-changement-climatique/les-arbres-face-au-changement-climatique.html
http://www.crpf-midi-pyrenees.com/datas/pdf/dep_reb_resw_1_rapport.pdf
La vie des plantes
Une métaphysique du mélange
par Emmanuele COCCIA
Éditions Bibliothèque Rivages, 2016, 192 pages, 18 €
L’auteur a passé son adolescence, plongé dans les livres de botanique, pathologie végétale, chimie agraire… ce qui a changé son regard sur le monde. Ce livre révèle une réflexion métaphysique sur les plantes et les végétaux. Trop souvent négligées même par la biologie, et la philosophie, les plantes doivent être considérées comme des objets privilégiés de la pensée. Elles sont partout : dans la nature, dans nos aliments, dans nos objets, dans le corps des animaux qui les ont mangées, dans l’air que nous respirons. Elles sont dans tout ce que nous savons du monde et sont une source de contemplation cosmique. Elles constituent surtout le médium à travers lequel nous percevons le monde. Parler des plantes signifie parler de l’origine de notre monde, de son début perpétuel, qui se répète à chaque instant, à chaque lieu du globe. Parler des plantes (les feuilles, les racines, les fleurs) signifie saisir le premier souffle de l’univers, nommer le lieu où toute chose commence à respirer.
Les émotions cachées des plantes
Par Didier VAN CAUWELAERT
Éditions Plon, 16,90 €
Didier Van Cauwelaert, auteur prolifique, devient romancier de la botanique dans son dernier ouvrage, passionnant, et nous dévoile les dernières découvertes scientifiques sur l’intelligence végétale. Il décrit les incroyables manifestations des plantes pour se protéger des prédateurs : une orchidée reproduit à la perfection l’apparence d’une guêpe femelle dans le but d’attirer son mâle afin qu’il la pollinise ou l’acacia du Mexique offre aux fourmis le gîte et le couvert dans chacune de ses épines creuses ainsi qu’une substance riche en protéines pour nourrir ses bébés à l’extrémité de ses feuilles. En échange, les fourmis le défendent en attaquant chenilles, papillon ou coccinelles.
Si donc, nous continuons à massacrer la nature en l’épuisant, l’ignorant, la détournant de ses buts, nous devenons à notre tour une espèce menacée et pas seulement parce que nous détruisons nos ressources vitales.