Société

Aujourd’hui j’ai vu… les hommes faire de l’équilibre sur un château de cartes

Aujourd’hui j’ai vu les hommes faire de l’équilibre sur un château de cartes. Et j’ai compris un peu mieux ce qu’est l’instabilité.

Néanmoins, tous nous cherchons le stable, le durable, le bon, ce qui, sans changer violemment, nous aide pourtant à cheminer et à évoluer.
Celui qui, enfant, construit un château de cartes le fait en retenant sa respiration, tant il a peur que cette fragile structure s’écroule. L’enfant joue en sachant que, pour un temps, il essaiera de garder un rêve intact, quelques petites feuilles de carton qui sont la maquette de ses réalités futures. Mais aucun enfant n’essaierait d’entrer dans ce château ni de monter dessus… Cela, il pense bien plutôt qu’il le fera « quand il sera grand » et quand les cartes seront remplacées par les blocs solides de la réalité.
Bien curieux, donc, le cas de nos « grands enfants » qui se figurent encore des cartes résistantes et jouent constamment à vivre dans un monde illusoire de papier.

La vie, l’histoire, ne peuvent pas être seulement le récit des mouvements ratés pour atteindre l’équilibre. Avant de s’équilibrer, il faut observer attentivement sur quoi nous nous arrêtons. Il se peut que les cartes aient de plus jolies couleurs que les pierres et les métaux mais il est nécessaire de comprendre que chaque chose a sa valeur : les pierres et les métaux servent à construire des structures solides et les cartes à forger un rêve qui peut ou non se concrétiser un jour.

Si l’expérience nous a fait recourir aux conseils de ceux qui en savent plus à l’heure de choisir une maison, un véhicule, une machine ou un médicament, l’expérience accumulée dans l’histoire serait aussi indiquée pour montrer les meilleures structures, celles qui résistent au Temps et laissent les hommes se poser solidement sur elles.

Une vieille parabole orientale nous dit que la civilisation est un madrier (1) qui s’appuie sur deux arbres qui doivent avoir la même hauteur pour ne pas provoquer une décompensation : l’Arbre de l’Esprit et l’Arbre de la Matière. Et le Château de notre civilisation s’effondre parce qu’il y a de toute évidence bien longtemps qu’il ne se fie qu’à l’arbre matériel, dont les feuilles sont les cartes de notre conte.

J’ai vu qu’ils sont peu nombreux, et plaise à Dieu qu’ils le soient beaucoup plus, les hommes qui se fient à l’autre arbre, celui qui, étant de l’esprit, offre justement l’ordre et l’équilibre qui naissent de la foi et de la connaissance.

(1) Pièce de charpenterie disposée horizontalement et destinée à assurer la solidité d’un ouvrage
Texte extrait du livre de Délia Steinberg Guzman, Aujourd’hui j’ai vu, paru en espagnol
Délia STEINBERG GUZMAN
Ancienne Directrice internationale de l’Organisation Internationale Nouvelle Acropole (O.I.N.A.)
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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