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Philosophie

L’intuition, voir au-delà de la réalité

 

L’homme a accès la connaissance par l’intelligence mais également par un canal plus subtil qu’est l’intuition, qui permet de capter la réalité au-delà des apparences, l’unité au-delà de la diversité.

Voir avec les yeux de l'âme
Voir avec les yeux de l’âme

Outre la pensée rationnelle qui travaille avec les idées, dont nous avons dit qu’elle constituait le mental, il existe en l’homme une autre forme de pensée plus subtile qui est l’intuition. La première tend des fils pour connaître : c’est le raisonnement. La seconde capte directement : c’est l’intuition. Nous mettons ce second mode de connaissance directement en relation avec l’intelligence. Maya (1), une fois de plus, a embrouillé les fils dans son jeu, et nous a laissé croire que l’intelligence consiste en une certaine habileté et adresse qui vont du physique au spirituel. Être «intelligent», c’est être «éveillé», vif, rapide dans ses réactions, et c’est ainsi que les hommes s’évertuent à développer l’intelligence comme s’il s’agissait d’une compétition d’athlétisme mental.

 Une captation immédiate

Néanmoins, l’intelligence est un don de plus grande pénétration ; c’est plus que penser et raisonner ; c’est beaucoup plus que répondre rapidement à des stimuli ; c’est pouvoir capter la vie au-delà de l’aspect superficiel sous lequel elle se présente. C’est reconnaître les faits et y appliquer le discernement. L’intelligence, c’est savoir choisir et quelque chose de plus important encore : faire une sélection entre de nombreuses opportunités, séparer le bien du mal, l’utile de l’inutile. C’est tout cela, l’intelligence, c’est tout cela, travailler avec l’intuition.

Exercer l’intuition, c’est gagner une course contre le temps. Le vieux Chronos nous domine depuis des siècles et des siècles, et nous a toujours imposé ses conditions : nous, les hommes, devons nous développer sur son terrain, et les choses doivent nous coûter… du temps. Agir prend du temps ; ressentir nous mange la vie, penser dure des heures ; mais l’intuition rompt cette barrière et s’approprie l’essence des choses, dans le temps mais sans perdre de temps. L’intuition est la captation immédiate qui contient en soi la capacité de choix et de décision. Que capte-t-on ? Est-ce positif ou négatif ? Garderons-nous ou pas ce que nous avons capté ? Et au cas où nous le gardons, comment agir avec ? Que choisir de faire et que faire ?

Celui qui a de l’intuition sait ce qu’il possède, quelle valeur renferme ce qu’il a acquis, les possibilités d’application qu’elle implique et la manière immédiate dont il la mettra en jeu. Dans l’intuition, il n’y a pas de doutes, pas de détour inutile : c’est une course gagnée sur Chronos, par-delà les voiles avec lesquels Maya a essayé de recouvrir cette réalité.

 Capter ce qui est

Celui qui n’a jamais gagné cette course sur le mental discursif peut croire que l’intuition a quelque chose à voir avec l’imagination, il peut croire que ce qui est «capté» est en réalité «imaginé». Mais – du fait qu’il s’agit du mental supérieur – si on réfléchit un peu plus finement, on pourra se rendre compte que l’intuition ne consiste pas à capter ce que nous voulons, ou ce que nous croyons ou ce que nous croyons capter : c’est capter ce qui est.

La fantaisie, à coup sûr, implique des choses qui n’existent pas, elle s’extasie dans des jeux absurdes dont Maya elle-même ne pourrait tirer profit. Mais la fantaisie est totalement différente de l’intuition, dans la mesure où elle est stérilisée par ses images, perdant ainsi toute force pour agir.

L’intuition, par contre, capte des réalités, les rares réalités que le jeu de Maya nous laisse entrevoir ; elle les thésaurise et les convertit ensuite en descentes successives qui vont toucher tous les plans de l’expression humaine. Une intuition peut arriver à l’esprit sous la forme d’une idée qui, colorée par des sentiments et convenablement vitalisée, se traduit en action. L’intuition débouche toujours sur une action correspondante.

 Voir avec les yeux de l’âme

L’intuition, c’est voir avec les yeux de l’âme, mais c’est faire avec les mains du corps. C’est pourquoi nous parlons d’intelligence ; c’est savoir voir et savoir faire. S’il s’agissait de voir seulement avec les yeux du corps, ces derniers n’iraient pas plus loin que ce que peuvent réaliser nos mains ; c’est la raison pour laquelle nous parlons dans ce cas d’habileté et d’adresse, mais pas d’intelligence.

Dans la mesure où le mental courant obtient des captations réduites et partielles, ajustées aux mille et une divisions correspondant aux convenances de Maya ; alors que ce mental peut travailler avec agilité avec les petites parties qu’il découpe dans la réalité, l’intuition permet des percées visuelles moins fractionnées. Grâce aux effets de l’intuition, il est possible de s’approcher un peu plus de la fuyante réalité, de la formidable unité qui se cache derrière les voiles de Maya. On ne se contente plus alors des petits fragments que la pensée habituelle peut digérer mais on agit à travers un organe doué de la faculté d’absorber un ensemble plus important. C’est un pas vers l’unification des formes de vie qui justifie le fait de parler de l’intuition comme intelligence.

Maya préfère que nous pensions, que nous dépensions notre temps à avancer cahin-caha avec nos idées tandis que nous jouons à vivre. Maya ne veut pas que nous découvrions son secret, son piège pour nous obliger à rester dans le monde. C’est pourquoi elle joue et nous fait jouer, tout en nous éloignant peu à peu de la possibilité de capter intuitivement sa vérité. Néanmoins, en regardant Maya jouer à éloigner de nous la vision et en nous voyant participer inconsciemment à cette partie d’échecs, un rayon d’intuition s’éveille. Si nous observons posément les choses autour de nous et la façon dont elles se comportent, une faible lueur s’ouvre un passage dans notre confusion et nous comprenons, soudain, mille raisons que la raison ne peut exprimer. À travers ses jeux, nous commençons à pressentir la présence de Maya.

(1) Illusion avec apparence de réalité
Par Délia STEINBERG GUZMAN
Texte extrait des Jeux de Maya, Délia STEINBERG GUZMAN, éditions des Trois Monts, 2003
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