Et la vérité dans tout ça ?
#6 Où trouver des modèles aujourd’hui ?
Fernand Schwarz et Bertrand Vergely ont animé une conférence sur le thème Et la vérité dans tout ça, à Nouvelle Acropole Paris 11, le jeudi 17 novembre 2022, dans la « Journée mondiale de la philosophie » proposée dans le cadre du Festival Nuit de la philo (1).
Cette intervention est la dernière partie de la conférence et porte sur l’existence de l’idée et du modèle, porte d’entrée pour la vocation.
Bertrand VERGELY : Nous sommes dans un monde « sur-intelligent », et chacun de nous est porteur de cette sur-intelligence. C’est elle qui est le modèle.
Un jour, j’ai compris ce qu’était un modèle. En bas de chez moi, le long des quais, il y avait un styliste qui faisait des robes de femme superbes. Un jour, tout à coup, j’ai compris qu’il y parvenait parce qu’il avait une idée extraordinaire, magnifique, de la femme et il la traduisait immédiatement à travers son talent, pour faire vivre la femme. Il n’avait pas peur d’idéaliser et d’avoir une haute idée de la femme, son modèle.
Une haute idée des choses
Platon nous dit qu’avoir une haute idée de toute chose permet de voir immédiatement tout s’ordonner par rapport à elle, d’imiter le modèle, l’intérioriser et le faire vivre. Évidemment, par ailleurs, nous avons affaire aux modes. Des escrocs, des voleurs s’emparent du marché mental dans lequel ils veulent faire passer leur modélisation pour un modèle. Le véritable créateur est au service de l’idée, il se laisse habiter par l’idée, il ne veut pas l’imposer. Elle s’impose d’elle-même. Certains font du marketing, de l’argent et pour cela essaient de capter l’intérêt à travers des images séduisantes et nous détournent du véritable modèle. Je crois que Platon l’avait magnifiquement vu : il y a modèle et modèle. Les grands créateurs ne disent pas, imitez-moi mais, je suis au service de l’idée. Les petits créateurs qui veulent faire de l’argent disent, imitez-moi.
Activer sa vérité
Je pense qu’il suffit de se réveiller. Là où se trouve chacun, qu’il essaie d’avoir une haute idée de tout ce qu’il fait, y compris des choses les plus simples de la vie. Il verra alors que le monde se transformera. Cela implique que je me secoue, que je me réveille. Se réveiller signifie que l’on dort. Soyons donc attentif. Notre potentiel est immense mais que suis-je en train de dire, de faire, de vivre ? Là se trouve la véritable politique, le sens du bien commun. Nous sommes au-dessous de notre vérité, de ce que nous devrions exprimer. Nous devons nous réveiller. Cela s’avère un activateur de conscience de vie, d’amour, d’échange absolument merveilleux.
Assumer notre vocation pour atteindre les étoiles
Fernand Schwarz. Tout cela interpelle. Je pense que nous pouvons capter le modèle en nous-même, à travers notre propre aspiration supérieure. Je crois fondamentalement, après tant d’années, que tous aspirent à quelque chose de meilleur, veulent être utiles et cherchent la voie pour pouvoir le faire. Certains le cherchent à travers l’enseignement, d’autres la santé, d’autres encore la construction… Peu importe. Bien que le mot vocation soit désuet de nos jours, chacun doit trouver la sienne. Je ne parle pas d’un métier pour gagner sa vie mais d‘une vocation. Quand on assume sa vocation, même si elle ne correspond pas au besoin de la société et qu‘elle n’est pas source de gros revenus, on peut facilement activer l’inspiration du modèle dont on a besoin et les éléments moraux pour accéder à son aspiration. Nous avons réprimé la vocation des êtres humains. La jeunesse est brimée par rapport à cela et craint de servir sa vocation par peur de ne pas pouvoir survivre. Je pense qu’il faut au contraire assumer sa vocation parce qu’elle est le point de départ, la plate-forme de lancement pour atteindre les étoiles, arriver plus haut, comprendre ce qui peut nous inspirer et pas simplement copier ce qui est à côté de nous.
Faites confiance à votre vocation, à ce que votre âme profonde vous réclame et à laquelle vous imposez le silence. Entrez en dialogue avec elle et la captation du modèle arrivera. J’ai en tête une société porteuse de valeurs et d’éléments qui peuvent nous relier tous si nous sommes capables de solidarité.
