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Arts

Méditations sur la Dame à la Licorne

Dans la tradition initiatique, c’est la femme qui figure la sagesse, médiatrice du monde divin.  Ces six célèbres tapisseries de la Dame à la Licorne  nous invitent à une méditation intérieure  vers notre propre mystère.

Chaque tableau allégoriquement relié à un sens nous dévoile une dimension plus profonde de la réalité où le visible et l’invisible se nouent.

La Dame à la Licorne : sur le seuil

Face à cette figure féminine, toute parole semble accessoire. Son air grave  et son sourire lumineux à la fois nous signalent l’ampleur du voyage auquel elle nous invite, entourée de ses deux gardiens animaux : le Lion et la Licorne. Elle Est, au-delà du temps, innommée, silencieuse, l’accomplissement du féminin qui allie puissance et douceur.
Elle demeure le centre d’une terre inexplorée. Elle est dans un monde de rêve, mais plus réel que la réalité même. L’île n’appartient pas à une géographie ordinaire, elle est impossible à trouver à moins de la chercher au fond de soi-même.

Tout le paysage parle de verdoiement et de croissance. Les arbres sont les  piliers du vivant du temple de la nature. Les fleurs poussent à foison, mais chacune différente, avec son propre parfum. Les animaux sont vifs et gracieux, tranquilles … Les êtres de cette terre respirent un autre air que nous. Les ombres n’existent pas, car l’île produit sa propre lumière. L’île bleue suspendue ne baigne pas dans l’eau, mais dans un fond de ciel pourpre comme la fulgurance initiale de l’Esprit. Mais ce lieu n’a rien de fictif. C’est la Réalité de l’Être. D’où tout naît et tout émane.

La Dame est lointaine mais pas hautaine. Elle ne commande pas, elle inspire. Elle éveille les désirs que les sens ordinaires ignorent. Le goût de la grandeur, la liberté et l’espérance.
La Dame éveille la quête. Il faut avancer encore, et encore, traverser, outrepasser, dans le désir persistant d’aller vers le Divin. On est au seuil du Mystère. Le mystère élit ceux qui l’aiment.

La Dame à la bannière: le toucher

La dame se tient débout tenant  fermement sa bannière qui l’ancre dans la terre et désigne le ciel. Tel le fléau d’une balance, elle figure l’axe autour duquel s’organise le monde. Légère et subtile, elle ne fait qu’effleurer le foisonnement végétal qui l’entoure : sa puissance toute intérieure et délicate suscite l’envol. Chez elle, le toucher ordinaire devient tact.

La Dame à l’oiseau : le goût

Son regard est plein de douceur et d’intelligence. Le vent gonfle sa coiffe,  souffle de vie et d’amour. Elle nourrit l’oiseau qui parle, l’oiseau vert afin qu’il retrouve  l’agilité de la parole.
Elle paraît bien silencieuse mais il est vrai que pour goûter toutes les choses, il faut savoir se taire. Le goût qu’elle évoque requiert une certaine maîtrise. Les délicates friandises qu’elle dispense s’avèrent pleines de douceur, du reste est-ce vraiment une dragée qu’elle saisit, ne serait-ce pas plutôt des perles que contient sa coupe d’or ?

 

Dame à l’œillet : l’odorat

Dame à l’œillet, parfum d’éternité. L’œillet, petit œil qui ouvre vers une autre dimension, plus intérieure. Organe subtil qu’on appelle œil du cœur. Ce que l’on respire devient ce à quoi on aspire. Humer la fine fleur de l’amour, le fin’amor qui s’avère éternel. Elle tient la couronne de fleurs, cercle parfait, sur son cœur. La couronne pour le vainqueur.
Par-delà la matérialité du monde, subsiste l’essence des choses. Les parfums désignent les réalités subtiles. (Ils échappent à toute emprise, charment, bouleversent, font surgir des émotions, des souvenirs, suscitent des états de conscience inouïs.)

Dame musicienne : l’ouïe

Sans le silence, rien n’éclot. Sans le silence, toute beauté reste brouillée ou mensongère, aucun amour n’advient. Sans le silence, il n’est pas de parole juste.
Écoutez, écoutez bien : le souffle passe. Mais quel mortel entend la voix de l’Esprit ? Seul l’homme de l’Art se laisse guider par elle. La musique exhale le chant de l’âme, sa joie, sa nostalgie. Elle exprime de la plus fine façon son attente, son désir. La musique fait remonter à l’origine, évoquant une plénitude légère, une joie céleste où l’âme reconnaît son monde.

La Dame au miroir : la vue

Assise hiératiquement, elle tourne son regard vers la licorne souriante, lui caressant l’encolure. Une complicité semble s’être instaurée avec ce puissant symbole de l’esprit. Tenant un miroir dans la main, la dame ne cherche pas à s’y mirer. Ce miroir est celui de son âme, tout orienté vers son propre esprit, figuré comme une petite licorne fringante et toute jeune, modèle réduit du grand Unicorne captif. Son âme rayonne alors la lumière spirituelle, ses yeux sont mi-clos pour mieux garder en elle, ce moment précieux du contact avec son intériorité.

 La Dame de haut désir : l’accomplissement

 

En son île fleurie, flottant dans un ciel embrasé, dans un nulle part, un non temps où tout cohabite, où la vie chatoyante se déploie dans la beauté et l’harmonie de multiples floraisons…
La Dame, Une aux multiples visages, humble et altière, légère et dépositaire du secret, est l’axe immobile et serein autour duquel la Nature frémit et lui fait allégeance…
Sur la tente mystique, des larmes d’or répondent au seul désir, invocation ultime de l’âme éperdue en quête de sa patrie céleste, impérieuse nécessité d’ascension spirituelle.

Au fil du parcours, le son silencieux nous a murmuré :– Lève-toi et tiens haute la bannière de ton idéal
– Nourris l’oiseau de ton âme et ne profane pas ton trésor
– Hume le parfum d’éternité et tresse toi-même la couronne de tes noces
– Fais monter ta mélodie dans l’harmonie de l’univers
– Deviens le pur miroir de ma beauté…
L’œuvre s’est accomplie.

La jeune suivante reçoit le coffret aux mille merveilles, la sagesse voilée, les richesses intérieures qui ne valent que parce qu’elles sont transmises par la puissance d’amour…

À mon seul Désir !

Ces quelques lignes nous ont été inspirées par Les floraisons intérieures : méditations sur la Dame à la Licorne, de Jacqueline Kelen, Éditions La table ronde, 2015
Par Sylvianne CARRIÉ

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