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Histoire

Hypatie et le destin d’Alexandrie

Dans la collection « Petites conférences philosophiques », un nouvel ouvrage vient de sortir, consacré à Hypatie, philosophe néoplatonicienne, mathématicienne, astronome grecque d’Alexandrie, qui connut une fin tragique. Martyre, elle a traversé le temps en devenant symbole de tolérance et d’opposition jusqu’au XXe siècle.

L’auteur nous fait découvrir quelques extraits de son livre. 

Figure légendaire de la philosophie néoplatonicienne, Hypatie fut chantée par Gérard de Nerval, Proust, Péguy, Leconte de Lisle et bien d’autres poètes. Par sa personnalité, son parcours particulier et sa fin tragique, cette femme mathématicienne et philosophe est devenue dès la Renaissance une figure emblématique, utilisée jusqu’à nos jours comme porte-parole de causes aussi diverses que l’anticléricalisme, le romantisme hellénisant, le positivisme ou encore le féminisme.

Que savons-nous réellement d’Hypatie ? De manière sûre, on peut dire qu’Hypatie est la fille de Théon d’Alexandrie, mathématicien et dernier représentant connu du fameux Musée d’Alexandrie. Elle est née aux environs de l’an 360. Elle bénéficie de l’enseignement mathématique de son père, poursuit sa formation à Athènes où elle approfondit sans doute la philosophie, puis revient s’installer à Alexandrie. Elle y tient des conférences ouvertes à de nombreux auditeurs, peut-être même dans le cadre d’une chaire publique, tout en proposant un enseignement privé à un cercle de disciples issus des couches aisées et cultivées de la société alexandrine ou plus lointaine.

On s’accorde aujourd’hui à attribuer à Hypatie la rédaction de commentaires sur des œuvres de grands mathématiciens, notamment un commentaire sur les Arithmétiques de Diophante, mathématicien alexandrin du IIIsiècle ap. J.-C., ou encore des commentaires sur les Sections coniques d’Apollonios de Pergè, géomètre du IIsiècle av. J.-C. Elle aurait également participé à l’édition des Canons astronomiques de Ptolémée, célèbre astronome, mathématicien et géographe, actif à Alexandrie au début du IIe siècle de notre ère.

Excellente mathématicienne, Hypatie ne semble pas pour autant un génie novateur ; si on s’accorde aujourd’hui à reconnaître sa capacité remarquable à maîtriser et à expliquer des sujets très ardus, on lui dénie toute invention propre. Hypatie doit plutôt être considérée comme une brillante conceptrice de sortes de manuels à but pédagogique. Son enseignement mêle sciences naturelles, mathématiques et philosophie, et appartient nettement à une filiation néoplatonicienne.

Très attaché à son ancienne professeure et amie, son disciple Synesius reste en contact épistolaire étroit avec elle, laissant transparaître sa nostalgie des cours reçus. Il lui demande des précisions techniques pour construire un astrolabe, et lui adresse ses essais avant publication. La personnalité intime de la philosophe se dessine ainsi à nos yeux : sa vertu est unanimement reconnue. On loue son maintien, sa tempérance, mais aussi sa beauté exceptionnelle et sa farouche résistance à toute séduction, bien décidée à rester vierge et indépendante toute sa vie. Sa science, reconnue elle aussi, ainsi que sa réputation vertueuse et son indéniable charisme font d’Hypatie une personnalité très en vue à Alexandrie, une personne de référence fréquentant les personnages les plus haut placés, tel le préfet Oreste, qui représentait le pouvoir impérial à Alexandrie.

Malgré ses nombreuses vertus, son charisme et ses connaissances hors du commun, nous ne saurions certainement rien d’Hypatie si elle n’était morte de façon tragique.

Un jour de mars 415, Hypatie rentre chez elle ; elle est agressée devant sa porte par une horde de moines fanatisés sous la conduite d’un certain Pierre, lecteur de l’église d’Alexandrie. Ceux-ci la traînent dans une église, où ils la mettent à nu et l’écorchent vive avec des tessons ou des coquillages ; son corps est ensuite démembré et brûlé sur une colline proche. C’est cette fin atroce qui garantit l’immortalité à Hypatie, qui la fait échapper à l’oubli qu’ont connu d’autres femmes intellectuelles ou philosophes sans doute aussi brillantes qu’elle.

À lire

Hypatie et le destin d’Alexandrie
par Brigitte BOUDON
Éditions Ancrages, collection, Petites conférences philosophiques, 2022, 116 pages, 8 €
par Brigitte BOUDON
Formatrice de Nouvelle Acropole Marseille, auteur de livres, responsable des éditions des « Petites conférences philosophiques »
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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