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Société

Penser idéalement et agir modestement

Toute rentrée, tel un cycle de recommencement, porte des incertitudes. Mais depuis très longtemps nous n’en avions pas eu autant. La prudence des sages grecs est de mise : ne pas céder aux extrêmes et réfléchir avant d’agir.

Nos valeurs sont remises en question dans le monde et plus particulièrement en France, où une certaine dictature de la violence s’installe, comme on l’a vu cet été. Que ce soit parce qu’un club n’a pas gagné la coupe rêvée, ou parce qu’un chauffeur d’autobus demande à un passager de mettre son masque, ou encore parce que d’autres refusent les décisions d’un maire. C’est comme si le civisme et le savoir-vivre, les principes élémentaires d’ordre étaient devenus étrangers à une partie de la population en touchant tous les âges et conditions sociales.
Au cours de notre longue histoire, nous avons connu des groupes de milliers d’individus sans foi ni loi qui traversaient le pays en le ravageant en partie, comme au Moyen-Âge.

Aujourd’hui l’acculturation progresse et les différents pouvoirs semblent impuissants, malgré le rappel avec insistance de tous les moyens de communication des valeurs à partager. Mais il semblerait que les volontés s’affaiblissent et que le coronavirus COVID-19 amplifie l’irritabilité non contrôlée.

Ce qui nous manque probablement est un idéal de vie. Certains pensent qu’un idéal et des valeurs appartiennent à la même famille, parce que les deux indiquent « ce qu’il faut faire. » Mais il existe entre eux une différence non de degré mais de nature. Considérer par exemple la solidarité comme l’une de ces valeurs est différent de porter la solidarité dans son idéal.
La personne qui considère la solidarité comme une valeur, la rangera parmi d’autres et l’appliquera au gré des circonstances, surtout si elle pense que les circonstances sont favorables, selon elle, à son application, sans la mettre trop en danger.
Celle qui porte la solidarité dans son idéal, l’intégrera comme l’axe même de son existence et se mobilisera en permanence pour le pratiquer, bon gré mal gré, en dépit des circonstances.
Les valeurs et l’idéal se distinguent aussi parce que les valeurs sont de l’ordre de la pluralité tandis que l’idéal est toujours de l’ordre de l’unité. Une unité qui nous relie à ceux qui partagent le même idéal au quotidien.

Il est évident qu’il ne faut pas idéaliser un idéal et agir en idéologue censeur avec refus total de la réalité. Un idéaliste n’est pas un doux rêveur. Il se bat pour améliorer le réel au nom de son idéal. C’est un être responsable qui pense idéalement et agit modestement. Et c’est en cela qu’il reprend l’idéal des philosophes grecs, celui de la sagesse au quotidien qu’ils appelaient prudence, savoir faire le bien au jour le jour.
Avoir un idéal est une réponse positive à la souffrance ou au mal. De grands idéalistes, comme Nelson Mandela par exemple, ont réagi à la discrimination raciale et assumé la non-violence pour changer les conditions de vie de leurs concitoyens.

L’idéal de maîtrise de soi prôné par les stoïciens s’expliquait comme une réaction positive aux désordres puissants et croissants de l’Empire romain. À défaut d’un ordre extérieur, la philosophie stoïcienne proposait l’idéal au nom d’un ordre intérieur.
Il est temps de se reprendre et pas simplement d’attendre des mesures matérielles d’un ordre qui tarde à arriver. Il faut se resituer intérieurement pour recréer une paix extérieure et recouvrer le bien-vivre ensemble. C’est l’idéal du mode de vie philosophique qu’il nous semble urgent de promouvoir pour cette rentrée.

Comme le signale Rob Hopkins : « il faut des hommes et des femmes ayant un rêve, capables de faire naître dans les cœurs et les âmes, à travers leurs mots et leurs actes, un désir profond d’un avenir plus viable » (1) pour éviter d’emprunter des chemins funestes et réussir une véritable transition vers un monde meilleur.

(1) Extrait de l’article Nous allons vivre une transformation écologique remarquable, propos recueillis par Nicolas Truong, Le Monde, 23 et 24 août 2020
À Lire :
Michel Lacroix, Avoir un idéal, est-ce bien raisonnable ?, Éditions Flammarion, 2007, 195 pages
Brigitte Boudon, L’art de la tranquillité de l’âme, Collection Petites conférences philosophiques, Éditions Ancrages, 2017, 37 pages
Par Fernand SCHWARZ
Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole

 

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